Que fait Jovenel Moïse pour trouver un dénouement à la crise ?
Written by La Brise FM | 104.9 Stéréo on October 25, 2019
Publié le 2019-10-24 | Le Nouvelliste: Le pays s’enlise un peu plus chaque jour dans la crise politique aux conséquences économiques et humanitaires graves. Depuis sa fameuse sortie le 15 octobre dernier, lors de la conférence de presse au Palais national au cours de laquelle il avait écarté toute possibilité de démissionner, personne ne sait ce que fait le président de la République pour trouver une solution à la crise. Il n’y a en effet aucune communication entre lui et l’opposition qui exige sa démission.
« Au moment où je vous parle, je sais qu’il y a plusieurs équipes qui sont à la tâche. La police est là, les travaux publics sont sur place, le ministère de l’Intérieur est là aussi, pour voir comment trouver un modus operandi pour sortir. Parce que nous n’allons pas pouvoir sortir de l’auberge avec toutes ces armes, au niveau des groupes armés. Nous sommes en train de travailler pour que la paix revienne, pour que le peuple haïtien retrouve sa sérénité, pour que les enfants puissent retourner à l’école », a déclaré le président de la République dans une interview accordée cette semaine à RFI et à l’AFP.
Le chef de l’État, objet de mouvements de protestation qui exigent sa démission, a affirmé : « Je ne suis pas accroché à un mandat. Je suis accroché à des réformes. Je veux parler de la réforme constitutionnelle, par exemple. Je veux parler de la réforme du secteur de l’énergie, de la digitalisation de l’administration publique. Aujourd’hui, nous sommes dans une crise aiguë, mais nous pouvons profiter de cette crise pour faire de cette dernière une opportunité. Nous avons besoin de stabilité dans le pays et, pour trouver cette stabilité, il faut attaquer le système.
Interrogé par la journaliste Amélie Baron sur des contrats qu’il a dénoncés à maintes reprises alors que la plupart d’entre eux ont été signés sous l’administration de Michel Martelly, son mentor, Jovenel Moïse a répondu en ces termes : « Oui, ce contrat a été signé sous l’administration du président Martelly. Mais je dois vous dire que la mise en place des garanties a été faite lors de la transition. Mon équipe et moi avons constaté que ce contrat ne respectait pas les intérêts de l’État. C’est pour cela que nous avons pris cette décision pour le peuple. »
Le chef de l’État ne rate jamais une occasion de dénoncer le système, les gardiens et les bénéficiaires du système. Cependant, il n’est toujours pas en mesure de révéler les noms des gens qu’il dénonce. « Pour ne pas antagoniser le pays, je ne veux pas citer de noms, ni de noms d’institutions, ni de noms de personnes. Parce qu’en fait, nous sommes dans un pays divisé, déchiré, et nous avons besoin de mettre les gens ensemble aujourd’hui », a-t-il répondu à la journaliste de l’AFP.
Presque toutes les activités économiques et scolaires sont à l’arrêt depuis plus de six semaines. Pour le locataire du Palais national, « c’est vrai, il y a un problème. Il y a un ras-le-bol. Les gens sont exaspérés. Il y a des entreprises qui ferment leurs portes, il y a des entreprises qui sont en train de réduire leur personnel… Mais comment profiter de cette crise pour en faire une opportunité ? Nous sommes à ce carrefour. Cela demande beaucoup de dépassement de soi. Cela demande beaucoup de sagesse et beaucoup de sérénité aussi chez les acteurs », a avancé Jovenel Moïse dans cette interview à l’AFP.
Selon lui, l’économie suit le politique. « Nous avons mis sur pied un projet et nous l’avons travaillé avec les partenaires techniques et financiers. S’il y a une erreur à ce niveau, je dois dire que je le reconnais, parce qu’on a pris un petit temps en plus. Cela nous a pris deux ans. Deux ans après, malheureusement, nous n’avons pas eu de gouvernement. La Chambre des députés a censuré le gouvernement », a-t-il rappelé.
Cette semaine, il y a eu un semblant de reprise des activités économiques à Port-au-Prince et dans certaines villes de province. L’opposition annonce sept jours de mobilisation à travers tout le pays à partir du 27 octobre pour, a-t-elle fait savoir, forcer Jovenel Moïse à démissionner.